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Nouvelle écrite dans le cadre d'un concours organisé par le site web de l'Olympique de Marseille.

 

Le rêve partagé de Jérôme

 

 

 

Jérôme a attendu ce moment toute sa vie. Il en a rêvé des nuits entières. Dans un instant il sera peut-être au paradis ou en enfer... Il est capitaine de l’OM et il s’apprête à tirer un penalty à la dernière minute d’un match exaltant: la finale de la coupe de France.

La scène se passe par une chaude soirée de printemps dans la capitale française et dans un stade teinté de bleu et blanc. Jusqu’ici rien d’anormal, alors zoom sur le tableau d’affichage...aujourd’hui nous sommes le samedi 26 Mai 2504.

 

Peu de choses ont changé a priori : l’herbe du stade est toujours verte, le ballon toujours rond et l’on joue encore au football à 11 contre 11. Mais la morphologie des joueurs a cependant évolué : le plus petit joueur de l’OM mesure 1 mètre 90 et court le 100 mètres en 9’80. Le plus grand, le défenseur central Zourga, avoisine les 2 mètres 30. C’est pour cela que l’on a agrandi les cages de buts d’un bon mètre ainsi que les dimensions du terrain.

 

Marseille a toujours son Vieux Port (mais on l’appelle désormais le très Vieux Port) et la Bonne Mère veille plus que jamais sur ses habitants. Le bout du monde reste pour beaucoup de Marseillais Callelongue. Cependant le Frioul et le Château d’If ne sont plus que des curiosités sous-marines enfouies sous mer depuis le tragique Tsunami du 22ème siècle. 

 

La Provence est le nouvel eldorado mondial, un savant mélange d’Hollywood pour son glamour et de Silicon Valley pour son dynamisme économique.

 

L’OM est, comme il y a 500 ans, le club le plus titré de France. Mais c’est aussi le club le plus titré au monde. En effet, les deux siècles derniers ont été fastes pour le club provençal. L’OM s’est mis à gagner le championnat d’Europe des clubs plusieurs fois de suite et a remporté cinq fois d’affilée le tout nouveau championnat mondial des clubs. Ironie du sort c’est deux fois contre le FC Toledo (ancienne capitale d’Espagne) que les Olympiens se sont imposés lors des deux premières finales...un peu comme le Real contre le Stade Reims il y a si longtemps.    

 

C’est sous l’égide d’un nouveau président, entrepreneur touche à tout et briguant la mairie de Marseille, que le club a véritablement explosé, au sens noble du terme. Il s’est payé les meilleurs joueurs venus de toute la planète. Raymondo, Zazine, Pépin, Montrésor, Vadlo, Raol, Bécane, Mazer, ces stars intergalactiques ont tous fièrement porté le maillot de l’OM, permettant de ramener les trophées qui peuplent dignement les vitrines du club.

 

Le stade s’est agrandi depuis l’organisation des jeux olympiques de Marseille et l’ancien Vélodrome, maintenant rebaptisé Parque des Rois, compte 250.000 places assises. C’est le plus grand stade au monde détrônant de peu le grandiose Mariquita de Rio de Janeiro.  

Mais l’OM reste l ‘OM et la passion pour le club n’a pas changé. Ce n’est pas l’agrandissement de la salle des trophées (Borrely réquisitionné pour l’occasion), le nombre de ses abonnés (204.057) ou bien encore son prestigieux siège social (l’ancienne mairie de Marseille) qui le contrediront.

 

Le centre de formation est le joyau précieux dont rêve toute l’Europe. Il s’étend sur des milliers d’hectares à Luminy, là où jadis d’autres étudiants ont essuyé les bancs, jusqu’à Cassis, pittoresque petit village provençal du bord de mer, aujourd’hui entièrement acquis à la cause Olympienne.

 

L’OM est aussi devenu un club omnisports, comprenant une équipe de basket-ball (elle aussi championne du monde), de handball (championne d’Europe) et de water-polo (championne de France). Sans oublier le mythique OM pétanque qui n’a aucun rival sur la planète.   

 

À Cuges les pins, on a même créé le premier parc d’attraction entièrement dédié à un club de football : « OK l’OM ». C’est un grand succès. Les enfants se délectent dans les montagnes russes qui épousent les formes d’un ballon de football, jouent avec des sosies des stars de l’OM et improvisent des jeux de massacre qui consistent à dégommer des arbitres.       

 

Qu’advient-il du PSG, l’éternel rival de l’OM ? Il a tout simplement disparu, à la suite d’une sombre histoire de match acheté et de commissions cachées dans le jardin du Luxembourg. C’est l’éternel « Variété Football Club » qui représente la capitale française dans le championnat, mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous.

 

Aujourd’hui, les rivaux de l’OM sont aux quatre coins du monde. L’Etoile Verte de Shanghai, le Dynamo de Jakarta, le Détergeant d’Amsterdam, ou bien encore le Flamand Rose de Rio sont les dernières équipes capables de rivaliser avec le club Olympien.

Cette mondialisation a eu aussi quelques effets sur les clubs de supporters. C’est ainsi que l’on retrouve dans leur appellation un étonnant mélange de provençal (langue officielle depuis le 22ème siècle) et d’anglais. Les plus connus sont les : « Aufan super power »,  « Marseille too much puissant », « Ultra bright l’OM », « Les pitchoun fanatiks ».

 

À l’instar du Real Madrid ou du Manchester d’antan, l’OM est devenu un produit marketing extrêmement puissant. La marque OM a même supplanté Coca-Cola au palmarès des noms les plus connus. On parle désormais d’une véritable « Ohémisation » de la planète.

 

Malgré tous ces changements, l’OM est resté fidèle à ses couleurs (bleu et Blanc) et à sa devise : droit au but. Les plus extrêmes vont même jusqu’à dire que Marcel Fernand, l’excellent gardien de but de l’équipe première, ferait un superbe avant centre dans n’importe quelle autre équipe de l’hexagone...

 

Cette équipe, dont Jérôme fait partie, a fière allure. Lui, le « minot » formé au club est en train de se repasser le film de sa vie avant de tirer ce penalty. Il se souvient de ses débuts difficiles où malgré son mètre 95 on le trouvait trop petit pour un buteur au centre de formation. Il se rappelle son premier but, marqué après une superbe action individuelle, parti tout seul depuis son camp. Il se remémore aussi son unique carton jaune à la suite d’un vilain geste sur un attaquant du FC Cannes-Festival. Il n’a pas oublié non plus ses premières chaussures à crampons de la marque « Adicash », offertes par son père pour ses 12 ans, ni son première autographe d’une légende vivante de l’OM : Broba, le fameux attaquant auteur des 3 buts de la finale de Munich. 

 

Jérôme sait que toute la France le regarde et que toute une ville, nullement blasée des succès à répétition de son équipe fétiche, s’apprête à s’embraser et mettre le feu au très Vieux Port. Il y pense, il a peur, mais il ne peut plus reculer, si ce n’est les quelques mètres nécessaires pour tirer ce penalty qui l’enverra au paradis.

 

C’est parti, le ballon fuse au ras de l’herbe et vient se loger avec puissance dans le petit filet gauche de la cage adverse. Il vient de marquer le but de la victoire. Ses coéquipiers se précipitent sur lui pour le féliciter et il se retrouve rapidement enfoui sous une véritable marée humaine aux couleurs bleu et blanc. Le stade est envahi, la Canebière déborde de joie. C’est l’euphorie au très Vieux Port.

Jérôme est heureux, nous aussi, l’OM a gagné.

 

- « Jérôme, Jérôme réveille-toi tu vas encore être en retard »

- « Oui maman encore une petite seconde, il faut que je lève la coupe »

- « Mais qu’est-ce que tu racontes ?»

 

Jérôme se frotte les yeux et regarde la date sur son réveil. Il n’est pas plus avant-centre que nous sommes en 2504. Sur les murs de sa chambre les posters des vieilles gloires de l’OM lui redonnent le sourire. Il vient de rêver une fois de plus à son équipe fétiche.

 

L’OM pour lui c’est toute sa vie.

 

Jérôme a rêvé de l’OM cette nuit, mais il s’est réveillé.

 

Nous on en rêve encore.

 

 

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